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  • Photo du rédacteurHéloïse P.

De la difficulté de se loger

Dernière mise à jour : 31 août 2020

Périple d’une galérienne qui doit se loger sans garants, dans la France de 2020.

Quartier Bréquigny, à Rennes, pendant le confinement.

Selon l’Insee, il y a environ 40% de locataires en France, pour 60% de propriétaires. Il y aurait donc l’embarras du choix ! Sauf que pour 7 locataires sur 10, trouver un logement relève du parcours du combattant.

Arriver dans une nouvelle ville, c’est excitant. Chercher un appartement, c’est angoissant. Outre le fait de devoir faire attention sur qui on tombe, débusquer les vraies des fausses annonces sur Leboncoin ou Facebook, trouver un endroit où l’on se sent à l’aise, qui n’est pas trop loin de notre lieu de travail et qui entre dans le budget, il y a tout un autre aspect des recherches d’appartement qui déprimerait le plus doué des Stéphane Plazza, si on lui enlevait son portefeuille. D’abord, il faut réunir un salaire qui est trois fois supérieur à ton loyer (si tu te dis “ça va”, mets-toi dans la peau de quelqu’un de précaire. Encore plus. Voilà). Si jamais tu es étudiant.e, il faut trouver un garant qui prouve qu’il est pécunièrement stable (maintenant, mets-toi dans la peau de quelqu’un de précaire ET isolé). Une énième difficulté consiste à déposer la garantie, ou la caution. Par exemple, cette semaine, pour un meublé de 12m² en centre-ville de Marseille, je devais déposer une caution de 700€. Pour. Douze. Mètres. Carrés.

Attention, je ne compte pas ici blâmer les propriétaires. On sait bien que s’ils sont de plus en plus frileux, c’est souvent car ils ont eu des situations compliquées, où un locataire ne payait pas son loyer (1 propriétaire sur 4 a déjà eu affaire à cette situation). Et comme pour toutes les situations, pour 9 locataires réglo, 1 seul qui fait de la merde et tout s’écroule : le proprio préfère se méfier de toutes et tous, et quand un va-nu-pieds arrive la bouche en cœur en déclarant : “j’ai-pas-de-garant-mais-je-suis-indépendant”, on lui claque la porte au nez. Pourtant, pour pallier ce problème, l’état a mis en place la garantie Visale, pour les plus défavorisés. Comment ça marche ? Une simple demande en ligne te permet de bénéficier de cette garantie "VISA pour le Logement et l’Emploi”. Elle a été mise en place en 2016, pour les jeunes de moins de 30 ans et les salariés nouvellement embauchés en contrat précaire. Le problème, c’est que lorsque les propriétaires entendent “garantie d’état”, ils font une corrélation rapide dans leur cerveau avec “garantie de pauvreté”. Donc, sur 10 visites que j’ai effectué en 2 semaines, 100% des propriétaires ont préféré un candidat ayant un garant “physique” ou “réel”, pour emprunter leur vocabulaire. Comme si la garantie d’état n’était qu’une vaste blague, un faux ticket pour rassurer les plus défavorisés et leur dire “allez-y ! Tentez votre chance, qui sait, sur un malentendu..”.


Manifestation contre la précarité étudiante le 12 novembre 2019 après l’immolation d’Anas K.


Dans son essai Pourquoi est-il si difficile de se loger ?, Nicolas Bouzou affirme : “L'enfer du logement est pavé de bonnes intentions : les aides publiques se révèlent inflationnistes, la fiscalité rigidifie le marché du logement ancien, les quotas de logements sociaux sont sans effet sur la mixité sociale, les HLM ne remplissent pas leur mission sociale.” Alors, que reste-t-il aux personnes qui ne sont pas nées sous l’étoile de la décence économique, et qui ont toujours dû batailler pour avoir un logement ? Cette année, de nombreux étudiants boursiers se retrouvent dans mon cas : aucune chambre étudiante de disponible. Merci la pandémie mondiale causée par l'industrialisation de la nature !  On n’a pas obtenu de logement après la première phase de l'attribution de résidences universitaires. Les demandes refusées incluaient même des échelons 6 et 7, selon Ouest-France. Pourtant, de telles candidatures sont censées être prioritaires. Et on a eu beau chouiner sur Twitter, rien n’y a fait. Quand on s’entend dire que même un espace vital de 9m² s’avère être compliqué à trouver, notre espoir a tendance à prendre la tangente.

J’aimerais finir ce texte sur une note positive. Vraiment, j’adorerais. Mais le souci, c’est que cette situation m’enrage. On nous parle d’ascenseur social en panne. Mais ce n’est pas une panne, à ce niveau-là, c’est du sabotage. On sabote les classes sociales inférieures au maximum. On nous fait miroiter que “quand on veut, on peut”. Que si on travaille dur à l’école, on pourra exercer un métier qui nous plaît. Mais la réalité, c’est qu’il n’y a pas d’égalité en France. Combien d’enfants de pauvres ont abandonné l’idée de faire des études car ça coûtait trop cher ? Il faut aspirer à l’équité. L’enfant qui peut être aidé par ses parents devrait avoir le droit aux mêmes logements que l’enfant qui se retrouve financièrement orphelin. On ne devrait pas partir avec un boulet accroché à la cheville sous prétexte de ne pas être né dans une famille aisée. Et les réformes en cours, telle que le calcul du montant des APL, ne vont pas du tout en ce sens. Mais, pour donner tout de même un peu d'espoir à tous mes camarades qui sont dans la même situation merdique que moi, voici une liste non-exhaustive de ce qui peut vous sauver la mise :


- le CCAS peut débloquer des aides en grosse période de crises (mais il ne faut pas avoir le statut étudiant)

- la Caf peut te verser jusqu'à 1000€ selon ta situation, pour t'installer dans une nouvelle ville.

- l'avance Loca-pass peut te prêter le montant du dépôt de garantie demandé pa rle proprio (1 200 euros maximum). Attention, somme à rembourser à partir du 3ème mois après le versement de l'avance.

- il y a aussi le FSL (Fonds de Solidarité pour le Logement) qui fournit une aide sous forme de prêts ou de subventions, pour couvrir les finances de l'entrée dans un logement, les dettes de loyer ou encore les factures d'énergie, d'eau et de téléphone.


C'est tout ce dont je suis au courant pour l'instant, et si, comme moi, demander de l'aide écorche votre égo à vif, je vous partage une perle de sagesse de ma mère : "je t'ai fait une bouche, c'est pour parler et dire les choses. Que tu sois énervée ou dans le besoin, communique et mets ta fierté de côté".


Sur ce, les locataires, propriétaires, sans domiciles fixe, je vous souhaite une bien belle journée !

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