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  • Photo du rédacteurHéloïse P.

De la visio d'horreur

Dernière mise à jour : 21 janv. 2021

La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé un retour progressif dans les amphis des 1,6 millions d'étudiants assignés aux cours à distance pour le 25 janvier. Un soulagement pour des jeunes écrasés par les contraintes sanitaires depuis 3 mois.

Une étudiante d'Aix-Marseille université se couvre les yeux, après une énième heure à fixer l'écran.


"C'est eux qui prennent le plus cher, alors que ce sont eux les moins fragiles" assure le psychiatre Christophe André sur le plateau du Quotidien. Selon lui, pas de quoi s'étonner d'avoir vu la santé mentale des jeunes dégringoler. Ils sont privés de tout ce qui leur permet de se développer : l'apprentissage, les interactions sociales... Il résume : "Les gens âgés, dont je fais partie, veulent protéger leur vie, et les jeunes veulent la vivre". Une envie malmenée pour cette catégorie sociale totalement hors des radars de l'exécutif.

Cela fait plusieurs années que les étudiants évoquent un mal-être dû aux problèmes de pauvreté, de difficultés d'accès aux logements ou du manque d'aides. A cela, il faudra dorénavant ajouter l'isolement social. La goutte d'eau pour les plus fragiles (deux étudiants de Lyon III se sont défenestrés la semaine dernière). Pourtant, lors d'une conférence de presse, le Premier Ministre Jean Castex a assuré que les étudiants étaient "une source de préoccupation majeure". Cela ne saute pas aux yeux lorsqu'on passe 10 heures d'affilées sur un écran d'ordinateur, dans un studio aussi grand qu'une cage à poules, et sans personne à qui parler.


Pour Méline, les cours en visio, c'est "une véritable torture". Elle a beau arranger son petit bureau gris dans sa résidence du CROUS, mettre des bougies, des plantes, de la lumière, "ça finit inévitablement en grosse sieste". Même dilemme chez Lucas, qui s'ennuie vite sans aucune interaction sociale. Alors, il se réfugie dans les bibliothèques afin de trouver la motivation. Après le premier confinement, 84% des étudiants estimaient avoir décroché de leurs études pendant la fermeture des sites d'enseignement (sondage IPSOS). C'est pour cela que les ministres ont décidé de laisser les premières années assister à leurs TD en présentiel, à condition de n'être qu'en demi-groupe. Mais quid des autres générations d'étudiants ?


Grosse frustration


Corentin, 22 ans, est en première année de Master à Bordeaux. Bien qu'il trouvait les premiers jours de cours en visio agréable (il avait le temps de petit-déjeuner pour la première fois de sa vie), ça n'a pas duré. Pour retrouver sa joie de vivre, le jeune étudiant a même décidé de faire une colocation avec ses amis afin de supporter les dits cours en visio. Sans succès. "Le plus dur, c'est que j'ai l'impression qu'on me vole ma vie étudiante. Je ressens une grosse frustration. On m'enlève des choses, des étapes de ma vie que je ne pouvais vivre qu'une seule fois, et c'est niqué. Je m'en souviendrai, ça c'est sûr".


Cette frustration peut aisément se transformer en dépression chez les plus fragiles. Et comme il n'est pas facile de s'avouer que l'on va mal lorsqu'on a entre 18 et 25 ans, la santé mentale des jeunes périclite. En novembre, l'association Nightline a publié un rapport indiquant qu'il y a 1 psychologue pour 30 000 étudiants en France. Alors que l'Iacs, une association accréditant les services de santé mentale universitaire dans le monde, préconise 1 psychologue pour 1000 étudiants. Résultat : les jeunes les plus patients attendent des mois avant de se faire soigner, tandis que les autres baissent les bras.


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